Muhammad Awwal AbubakarJoseph Oughourlian a choisi un lieu symbolique — le musée du Louvre-Lens — pour délivrer un message franc et lucide à un public de chefs d’entreprise locaux. Le propriétaire du RC Lens n’a pas mâché ses mots : le club entre dans une nouvelle ère de rigueur financière.
« La mission a été accomplie », a-t-il commencé, en référence aux récents succès sportifs. « Mais maintenant, il faut revenir à la réalité économique. »
Selon Oughourlian, la masse salariale du club, qui avait dépassé les 40 millions d’euros à son apogée, sera ramenée à 27–28 millions d’euros pour la saison à venir.
Cette déclaration marque un tournant clair : fini les dépenses ambitieuses, place à un modèle plus pragmatique, orienté vers la survie — un changement largement dicté par la crise persistante des droits TV qui secoue l’ensemble du football français.
Le transfert d’Andy Diouf en danger
Le timing ne pourrait pas être pire, alors que le club cherche à conclure des départs importants. L’un d’entre eux — le transfert d’Andy Diouf vers le promu anglais Burnley — semble désormais proche de capoter.
Selon L’Équipe, le joueur n’a toujours pas donné son accord définitif, et la direction de Burnley commence à perdre patience.
Un ultimatum aurait été adressé à l’entourage de Diouf, ce qui aurait fortement déplu à ses représentants. Résultat : les négociations sont au point mort, compliquant davantage les efforts lensois pour alléger l’effectif et faire rentrer des liquidités.
Une leçon après les rêves de Ligue des champions
Oughourlian a aussi reconnu que le club s’était peut-être vu un peu trop beau après l’extraordinaire saison 2022–2023, conclue par une deuxième place en Ligue 1 et une qualification historique pour la Ligue des champions.
« On s’est vus un peu plus beaux que nous ne l’étions », a-t-il admis. « On a pris des décisions ambitieuses, prolongé certains joueurs, et cru qu’on pourrait maintenir ce niveau. Aujourd’hui, il faut revenir à quelque chose de plus réaliste. »
Et malgré la réduction de la masse salariale et de l’effectif, Lens a tout de même affiché un déficit structurel d’environ 4 millions d’euros la saison passée.
Le président l’a affirmé : le club doit continuer à se séparer de certains éléments cet été, et le mercato sera essentiellement placé sous le signe des ventes.
Aucun club à vendre — mais des projets à consoliderAlors que des rumeurs évoquent des projets de cession ou d’investissements concernant Lens et ses clubs satellites — notamment Padoue (Italie), Millonarios (Colombie) et Saragosse (Espagne) — Oughourlian a été catégorique : « Aucun club n’est à vendre. » Son objectif, a-t-il insisté, est de consolider chaque projet et d’assurer leur pérennité.
Le réalisme plutôt que l’illusion
L’ambition sportive n’a pas disparu, mais elle est désormais encadrée. « Avec la dixième masse salariale de Ligue 1, il faudra surperformer pour rejouer l’Europe », a conclu Oughourlian.
« Lens doit rester un club solide, enraciné, qui vient parfois bousculer les plus grands. Mais on ne peut pas bâtir un projet sur l’illusion d’être un club du top chaque saison. »
Le message est clair : pour le RC Lens, l’ère des excès est révolue. Ce qui s’annonce désormais mettra à l’épreuve les valeurs, la structure et la fidélité des supporters comme rarement auparavant.
Muhammad Awwal Abubakar
Muhammad Awwal Abubakar
