Muhammad Awwal AbubakarLa démission de Damien Comolli, officialisée mercredi, n’est pas qu’un geste symbolique ou sportif. Elle a des conséquences immédiates et concrètes sur le fonctionnement administratif du Toulouse Football Club.
Comolli n’était pas président à titre personnel : c’est sa société, DCO Conseils, qui occupait officiellement depuis le 20 juillet 2020 la présidence de la SASP Toulouse FC… ainsi que le poste de directeur général après le départ d’Olivier Jaubert.
Le TFC est structuré en Société Anonyme Sportive Professionnelle (SASP), une forme de société anonyme adaptée aux clubs professionnels en France, avec un conseil d’administration chargé de nommer son président.
En 2020, ce conseil avait désigné DCO Conseils à la présidence — une pratique courante dans le football moderne, permettant à un dirigeant d’opérer via sa propre société tout en facturant ses services.
Mais avec la démission de DCO Conseils, le club se retrouve sans président ni directeur général légalement habilité. Et cela pose des problèmes très concrets.
Marché des transferts gelé : une fenêtre qui ne peut s’ouvrir
Selon les statuts du club, seul le président ou un directeur général nommé peut signer des contrats engageant juridiquement le club, notamment en matière de transferts, de partenariats commerciaux ou de prolongations de contrat.
Avec l’ouverture officielle du mercato d’été le 1er juin, Toulouse est dans une position délicate : le club peut observer, discuter, mais ne peut rien signer.Une source proche du club parle d’une “paralysie au pire moment possible.
” Un autre interlocuteur interne résume : “Pas de président, pas de signature. Pas de signature, pas de marché.”
Les opérations courantes — comme le paiement des salaires ou des factures fournisseurs — peuvent se poursuivre grâce aux autorisations bancaires déjà déléguées au directeur financier du club. Mais les décisions structurantes ? En suspens.
Sadran ? Non. RedBird ? Muet (pour l’instant)
Olivier Sadran, toujours administrateur et détenteur de 15 % du club via Toulouse Loisirs, a immédiatement écarté l’idée d’un retour temporaire. “Moi, en intérim ? Même pas en rêve !” a-t-il lancé à La Dépêche du Midi avec sa franchise habituelle.
L’option la plus envisageable à court terme ? Un tandem président-directeur général. Les statuts de la SASP permettent au directeur général de disposer des mêmes pouvoirs que le président.
Cela permettrait à RedBird — l’actionnaire américain majoritaire du club — de nommer un président “institutionnel” (issu, par exemple, de leur cercle exécutif) et un CEO plus opérationnel, chargé des affaires sportives, du centre de formation, et bien sûr… du mercato.
L’urgence est désormais l’adversaire principal
Aujourd’hui, le centre de formation reste bloqué, la planification de la saison 2025–2026 est gelée, et Comolli tourne déjà la page — il est annoncé à un poste stratégique de premier plan à la Juventus.
RedBird doit désormais sortir du silence. Le départ de Comolli crée un vide, mais aussi une opportunité : repenser la gouvernance du TFC avec une structure adaptée à ses ambitions et à la réalité du football moderne.
Les supporters comme les salariés attendent des réponses.“Le projet ne s’arrête pas parce que quelqu’un s’en va,” confie un salarié historique du club. “Mais il faut quelqu’un au volant — sinon, on cale.”
Muhammad Awwal Abubakar
Muhammad Awwal Abubakar
