Muhammad Awwal AbubakarJean-Marc Mickeler, président de la DNCG (Direction Nationale du Contrôle de Gestion), a tiré la sonnette d’alarme sur la situation financière du football professionnel français.
Dans un entretien récent accordé à Ouest France, Mickeler a averti que tout club qui ne participe pas aux compétitions européennes — ou qui n’y a pas pris part au cours des deux à trois dernières saisons — est en grand danger s’il ne dispose pas d’un actionnaire financièrement solide.
« Tout club qui n’est pas qualifié pour une compétition européenne, ou qui ne l’a pas été au cours des deux, trois dernières saisons, et qui ne bénéficie pas d’un actionnaire très solide est en danger », a-t-il déclaré sans détour.
Les chiffres sont vertigineux. Le déficit cumulé du football professionnel français est aujourd’hui estimé entre 1,2 et 1,3 milliard d’euros, hors revenus issus des transferts de joueurs.
Ce gouffre financier rappelle les pires moments de la crise sanitaire du Covid-19, lorsque les stades étaient vides et les recettes en chute libre. Un tableau inquiétant pour la viabilité de nombreux clubs.
En réaction, la DNCG se prépare à durcir le ton. Des relégations administratives sont désormais sérieusement envisagées, dans le but d’imposer une discipline financière rigoureuse. Même si Mickeler tente de rassurer — « On ne jouera pas la Ligue 1 à 12 », affirme-t-il — le message est limpide : aucun club n’est à l’abri s’il ne respecte pas les critères financiers minimaux.
Parmi les priorités figurent la réduction massive de la masse salariale et le renforcement des contrôles internes. La France compte actuellement l’un des nombres les plus élevés de joueurs sous contrat en Europe, signe d’une gestion sportive inflationniste et difficilement tenable.
Les conséquences sont particulièrement préoccupantes pour des clubs historiques comme Angers, Nantes, Lyon, Le Havre ou encore le Stade de Reims, qui n’ont ni revenus européens récents ni investisseurs puissants.
Mickeler estime néanmoins que cette crise peut servir de tournant. Il appelle à un leadership responsable, notamment de la part de figures influentes comme John Textor, le propriétaire de l’Olympique Lyonnais. Pour lui, seule une stratégie mêlant discipline budgétaire, investissement dans la formation et vision à long terme permettra aux clubs de survivre.
La DNCG est catégorique : « Il n’y aura aucune indulgence. » Les clubs qui ne s’adaptent pas aux nouvelles réalités économiques seront laissés de côté, quels que soient leur palmarès ou leur popularité. L’équité sportive primera sur le prestige.
Malgré un climat d’incertitude, Mickeler reste optimiste. Les stades pleins, l’engouement des supporters et les bons résultats sur la scène européenne montrent que le football français peut rebondir — à condition que des décisions fortes soient prises immédiatement.
Muhammad Awwal Abubakar
